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LA PLUS GRANDES INTELLECTUELLES NOIRES : etait née en Afrique de l’Ouest

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Phillis Wheatley est née vers 1753 en Afrique de l’Ouest, elle fut une très grande intellectuelle noire américaine. Ancienne esclave, elle fut la première poète noire-américaine et l’une des premières femmes américaines à publier un recueil de poésie à l’époque où les noirs étaient considérés comme des animaux par les racistes blancs.

Phillis Wheatley est morte il y a exactement 237 ans aujourd’hui à Boston en ce jour du 5 décembre 1784.

LE 5 DÉCEMBRE 1784: LA MORT DE PHILLIS WHEATLEY UNE DES PLUS GRANDES INTELLECTUELLES NOIRES QUE LE MONDE AIT JAMAIS CONNU.

De ses origines, on connait peu de choses, on ne sait ni quel est son nom de naissance, ni quel est son lieu de naissance précis (Sénégal ou Gambie). Elle et des membres de sa famille, probablement des Fulani, sont capturés par des chasseurs d’esclaves en 1761. Elle et deux cents autres Africains sont vendus à un navire négrier « The Phillis », appartenant à un marchand d’esclaves Timothy Fitch et commandé par le capitaine Peter Gwinn. Elle ne reverra plus les membres de sa famille.

Les Africains les plus robustes sont vendus dans les ports des colonies du Sud pour servir d’esclaves dans les plantations de coton ou de tabac, les plus jeunes et les plus faibles sont vendus à Boston pour servir de domestiques ou de main d’œuvre auprès d’artisans.

Elle doit son prénom de Phillis du nom du navire négrier qui l’a conduite sur les côtes de la Nouvelle Angleterre et son nom de Wheatley à celui du nom de ses propriétaires comme cela était la coutume. De faible constitution, elle est achetée pour « trois fois rien » à Boston par John Wheatley, un riche marchand de la ville. Remarquant sa santé fragile (elle souffrait d’un asthme chronique voire de la tuberculose), John Wheatley la destine à être servante auprès de son épouse Susannah Wheatley. Notant que la fillette a deux de ses incisives centrales supérieures de lait de tombées, il en déduit qu’elle doit avoir 7 ou 8 ans, c’est ainsi que sa date de naissance probable est fixée vers 1753, mais pas plus tard que 1754.

Au bout de quelques mois Phillis Wheatley parle couramment l’anglais, les Wheathley découvre également qu’elle a appris l’alphabet toute seule, ils se prennent d’affection pour cette jeune fille et vont davantage la considérer comme une membre de la famille que comme une esclave.

Ils demandent à leurs enfants Mary et Nathaniel de lui apprendre à lire et à écrire, puis constatant ses progrès rapides, ils demandent à leur fille Mary de lui servir de précepteur. Mary Wheathley lui apprend la littérature anglaise, le latin et le grec, lui fait étudier la Bible, la mythologie grecque, elle lui fait lire les œuvres d’Homère traduites par Alexander Pope, lui apprend l’astronomie et la géographie, lui donnant ainsi la meilleure éducation possible qu’une jeune femme de son époque pouvait recevoir.

Maîtrisant rapidement la langue littéraire anglaise, Phillis Wheatley publie son premier poème « On Messrs Hussey and Coffin » le 21 décembre 1767 dans le Newport Mercury alors qu’elle n’est âgée que de 14 ans. Les Wheathley l’affranchissent en 1773.

L’éloge funèbre en hommage à George Whitfield ayant rencontré un succès, Susannah Wheatley pense que dorénavant il faut passer à l’édition des œuvres de Phillis Wheatley. Afin de rassurer les éditeurs potentiels, elle fait une liste de 300 personnes qui se disent prêtes à acheter un recueil de ses poésies. En 1772, elle fait une sélection de 28 poèmes qui pourraient faire l’objet d’un livre.

Face aux difficultés à faire accepter qu’une Afro-Américaine puisse exprimer des sentiments d’indépendantisme des bostoniens blancs, Susannah Wheatley va faire la tournée des personnalités prêtes à soutenir ce projet, c’est ainsi qu’elle obtient le soutien écrit de 18 figures éminentes dont le gouverneur Thomas Hutchinson, James Bowdouin, John Hancock (Cf. paragraphe suivant Un examen de passage littéraire).

Pour contourner les réticences des imprimeurs de Boston, Susannah et Phillis Wheatley se rendent en Angleterre, le livre est finalement édité à Londres avec une préface spécifiant que ces poèmes ont été écrits par « Phillis, une jeune fille noire, qui a été amenée il y a quelques années, comme une barbare inculte d’Afrique, mais ne l’a jamais été, et est maintenant, sous le désavantage de servir comme esclave dans une famille de sa ville de Boston ».

Dans cette même préface, John Wheatley précise que la jeune femme est arrivée au bout de 16 mois à maîtriser la langue anglaise et qu’elle a montré des dispositions étonnante à l’étude et à la compréhension des livres qu’on lui présentait. Comme le livre est édité au Royaume-Uni, deux poèmes reflétant les sympathies indépendantistes de la poétesse ont été expurgés. De retour à Boston, Susannah Wheatley veut diffuser le livre de Phillis Wheatley, elle a en sa possession un manuscrit contenant 39 poèmes, la préface et l’attestation confirmant que Phillis est bien l’auteure des poèmes. Elle trouve l’appui de Selina Hastings, comtesse Huntingdon qui d’Angleterre use de toute son influence auprès des méthodistes et des presbytériens de Boston pour soutenir la jeune poétesse.

Le succès de Phillis Wheatley est tel qu’il suscite des controverses, le contexte culturel britannique est empreint d’une idée selon laquelle les Européens seraient supérieurs aux autres peuples, idée relayée entre autres par le philosophe David Hume et reprise même par Emmanuel Kant qui commentant David Hume, écrit que même parmi les Noirs affranchis présents un peu partout dans le Nouveau Monde, aucun d’entre eux n’a montré de capacités particulières.

Des personnalités comme Thomas Jefferson estimaient que les Africains étaient apparentés aux singes, même s’il encouragera la création d’écoles pour les Afro-Américains. Dans ce contexte de racisme oscillant entre le paternalisme et le mépris, les écrits de Phillis Wheatley sont une bombe remettant en questions les idées reçues de l’époque. Si Phillis Wheatley était bien l’auteure de ses écrits alors cela serait la démonstration que les Africains sont bel et bien des êtres humains au même titre que les Blancs et qu’ils doivent être affranchis, en revanche si la poétesse n’était qu’un perroquet répétant les mots appris par cœur cela serait une autre chose.

C’est pourquoi il fallait trancher la question au sein d’une assemblée qui vérifierait l’authenticité des écrits de la jeune femme. C’est dans ce climat particulier, que sur l’initiative de John et Susannah Wheatley est organisée une réunion où Phillis Wheatley pourra faire la preuve de son talent littéraire et par delà son cas c’est l’humanité des Africains qui sera examinée. Cet événement a lieu le 8 octobre 1772, y sont conviés un aréopage de 18 notables de Boston, qui devront répondre à la question : « Un Nègre est-il capable de produire des œuvres littéraires ? » . C

ette assemblée qui prenait une tournure d’examen voire d’investigation se tint dans la maison municipale de Boston. Phillis Wheatley se présente avec les manuscrits de 12 de ses poèmes. Parmi les personnes qui vont la questionner, il y a des personnes qu’elle connait déjà car faisant partie du cercle d’amis de Susannah Wheatley comme Thomas Hutchinson, James Bowdouin, John Hancock, Thomas Young.

Les échanges entre Phillis Wheatley et ses examinateurs n’ont pas été transcrits, mais à la fin, de façon unanime, ils signent une déclaration dans laquelle, ils attestent « à la face du monde » que Phillis Wheatley est bel et bien l’auteure des poèmes qui lui sont attribués et qu’elle possède toutes les compétences pour cela. Cette attestation sera reprise dans la préface de son livre, Poems on Various Subjects, Religious and Moral, édité en 1773 à Londres, où il avait été publié faute d’avoir été accepté à Boston. Phillis Wheatley et Nathaniel Wheatley, le fils de Susannah, se rendent alors à Londres, où Selina Hastings, comtesse de Huntingdon, et le comte de Dartmouth aident à sa publication, où la critique fut positive.

Les suites de cet examen réussi qui permettra la publication de son livre ne sont pas seulement la reconnaissance de Phillis Wheatley comme auteure, elle est aussi la première reconnaissance de la littérature noire américaine et des aptitudes des Noirs à écrire de la poésie, à contribuer à la culture. C’est pourquoi ce livre sera lu et commenté parce que renversant les opinions racistes, ainsi Voltaire écrit que « l’œuvre de Phillis est la preuve que les Noirs peuvent écrire de la poésie ». Très rapidement dans les cercles des Lumières, Phillis Wheatley devient un sujet de discussion, elle devient une célébrité au sein des salons européens. Cette reconnaissance fait que Phillis Wheatley sera surnommée la « Mère de la littérature afro-américaine »

Cela dit, dans la Nouvelle Angleterre, les opinions sur la reconnaissance des Africains comme personnes humaines à part entière vont être diverses.

Après la mort de John et Susannah Wheatley, Phillis Wheathley épouse un commerçant afro-américain affranchi du nom de John Peters. Le couple donne naissance à trois enfants qui meurent en bas âge.

Phillis décède de la tuberculose en 1784. Phillis Wheathley repose au cimetière historique de Boston le Copp’s Hill Burying Ground.

Mèmè Lancinet Camara

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